"Tu as beau être charmant, nous sommes toujours deux loups de meutes différentes." - Feat. Ash

Je parcourais les terres libres de notre île, le vent s'engouffrant agréablement dans ma fourrure couleur crème. Mes babines s'étiraient en un sourire enthousiaste, tandis que ma langue rosée pendait joyeusement de ma gueule. J'aimais me sentir au creux des bourrasques, c'était une sensation unique. Mes pattes continuaient de s'activer sous mon petit corps, me faisait trottiner avec une légèreté peu commune.

J'étais très sociable, et préférait la compagnie de mes camarades à mes escapades solitaires, et, pourtant, j'avais bien besoin de me ressourcer de temps à autres; j'étais un être vivant comme tous les autres, et un être vivant a quelquefois besoin de solitude pour se retrouver sereinement. Je m'étais donc éclipsée du camp tôt ce matin pour aller au delà des frontières du territoire de ma meute, redécouvrir les terres libres pour tous, espérant une rencontre qui m'étonnerait et me remplirait une nouvelle fois de joie. J'aimais faire de nouvelles rencontres, cela permettait à mon cerveau d'être confronté à d'autres psychologies toutes aussi intéressantes que celles que j'avais déjà analysé par le passé. Je cernais très rapidement le caractère de mes semblables, et savais agir en conséquence, cela m'amusait et m'ouvrait de nouveaux horizons pour épancher ma curiosité.

Le ciel d'un bleu pur disparut après quelques poignées de minutes derrière d'épais branchages; j'entrais dans le sud de la forêt. Les premières feuilles mortes de l'automne tapissaient le sol humide, feuilles qui crissaient doucement sous mes petites pattes. Je relevai mon museau pour humer l'air, histoire de ne pas me retrouver museau à museau avec un puissant puma -voire deux ou plus...-. Je retins un frisson tout en scannant les environs. Mon fin odorat n'indiqua aucune autre présence que la mienne, si bien que je repris ma route tout aussi joyeusement que précédemment, déambulant au milieu d'immenses arbres, me promenant sans but particuliers. De multiples effluves de gibiers venaient me chatouiller les narines, mais je n'étais pas venue pour chasser, j'avais seulement envie de me reposer un peu, de rêvasser sans autre objectif.

Car c'était agréable de savoir lâcher prise, parfois, loin des préoccupations de la meute.  

HRP:

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Alors que je me baladais tranquillement, bercée par mes douces rêveries, une nouvelle odeur vint souiller la pureté des effluves forestières; celle d'un loup. Je trottinais avec enthousiasme, mais cette présence me fit me stopper net. Mes pattes se plantèrent dans la terre meuble du sous-bois, et je tressaillis. Un froissement de feuille morte se fit entendre, et mon museau se tourna vivement vers la source de ce bruit, tandis que mes oreilles veloutées se levèrent de concert dans la même direction. Tous mes sens en alerte, je me redressai à mon tour vaillamment, scrutant les bosquets alentours avec méfiance. J'avais senti qu'il n'étais pas de ma meute, et je devais m'attendre à tout, à tout. Bien que l'odeur ne soit pas encore assez présente pour que je puisse déceler l'âme exacte qui parvenait jusqu'à moi, la fourrure de mon échine s'était déjà légèrement hérissée rien qu'en sentant qu'il était de la Meute de la Brume. Rien que ce fait devait éveiller mes sens et mon esprit, il fallait que je reste sûre de moi, il fallait que je m'apprête à tout...

Mon souffle, un peu entrecoupé à cause de ma précédente course dans la nature, s'arrêta complètement une poignée de secondes lorsque le mâle daigna se montrer, au détour d'un groupe de buissons. Il se trouvait à quelques longueurs de queues de moi, et, pourtant, je l'avais déjà reconnu. Son pelage gris-brun et ses yeux clairs me frappèrent de plein fouet; je réalisais soudainement que j'avais affaire à l'Alpha de la Meute de la Brume en personne! Cette révélation n'améliora pourtant pas mes prudentes dispositions, bien au contraire. Un Alpha se trouvait rarement seul, et je ne décelais pourtant aucune autre présence lupine. Pourquoi donc se trouvait-il donc ici, si loin de ses terres? Je me souvins que j'avais besoin de respirer juste avant de tomber dans les choux, et je m'appliquais à retrouver une respiration à peu près normale. Le choc passé, je me tournai complètement vers l'arrivant, attentive à ses moindres faits et gestes. Le mâle trottina vers moi, comme s'il savait depuis bien longtemps que je me trouvais en ces lieux, l'air plutôt amical. Je me détendis un peu, histoire de ne pas passer pour une louve acerbe et froide, affichant une air étonné en le voyant venir jusqu'à moi.
Il débita alors ces paroles, sur un ton qui en aurait charmé plus d'une:

"N'est-ce pas une merveilleuse journée pour se promener en plein-air? Dites-moi, n'auriez vous pas un nom à me donner, afin que je puisse enfin savoir comment s'appelle la plus parfaite des louves présentes sur cette Île et plus loin encore?"

Je cernai aussitôt ses intentions, et je lui répondis d'un ton plus amical que je ne l'aurais voulu, quelque peu distante, mais adoptant néanmoins un sourire poli:

"Neptune, je m'appelle Neptune. Et inutile d'employer toutes ces manières pour m'adresser la parole, je ne le mérite pas."

Une brise bien agréable s'engouffrait dans nos pelages respectifs, mais ne changeait en rien mon attention presque déconcertante. Je ne préférais pas me livrer aux autres avant de les avoir bien cerné, c'était compréhensible selon moi. Néanmoins, cela ne m'empêchait pas de rester agréable lors d'une discussion.

Si cela avait été possible, ma meute n'aurais contenue que des individus féminins. Malheureusement pour moi, cela n'aurais probablement pas plu aux louves. Alors je me devais de laisser un minimum de place aux autres mâles. Quel gâchis.
La louve semblait osciller entre être amicale ou polie. Pauvre petite. Je l'aurais bien réconforter... Mais de quoi? Elle semblait plutôt bien dans sa fourrure, n'avait pas l'air d'avoir le cœur brisé ou d'avoir quelconque tristes idées. Dommage.

-Neptune, je m'appelle Neptune. Et inutile d'employer toutes ces manières pour m'adresser la parole, je ne le mérite pas.

Eh bien coudonc! Qui lui avait donc rentré ces étranges idées dans le crâne?
Je lui jeta un regard étonné. Il fallait bien lui faire comprendre qu'elle était quelqu'un. Quelqu'un de magnifiquement présent et qui avait tout droit de vivre tel que les autres demoiselles de la forêt! Peut-être qu'un être malintentionné avait essayer de lui faire croire qu'elle n'était qu'une bonne à rien, qu'une petite chose insignifiante?
Ou pas. Il ne fallait pas s'imaginer des choses non plus. C'était bien mon problème.

-Comment? Mais voyons! C'est le moins que je puisse faire en votre présence! Et ne dites pas que vous ne le méritez pas, au contraire! Vous devez être pleine de ressources et d'idées pour votre meute! Il n'y a rien que vous pouvez ne pas méritez!

Je m'arrêta. Il ne fallait pas non plus passer pour un extrême et faire peur à la pauvre petite.

-M'enfin, changeons de sujet! Dites-moi donc ce que vous faisiez seule dans cette forêt. Il pourrait être dangereux de se promener sans quelqu'un... Quoi que je ne crois pas que vous ayez besoin d'aide pour vous protéger.

Je souris. Malgré sa petite taille, elle devait être une adversaire redoutable... J'ai rapidement appris à ne pas me fier aux apparences, et là, je ne me risquerais même pas à lui proposer une petite bataille amicale. Quoi que je ne ferai jamais cela. Ça manque de... Délicatesse. Et il faut toujours être délicat avec les plus jolies fleurs.

Hrp:

Je me permet un petit Up^.^ Toujours vivante?