Grande Ourse || « L'amour est fécond en miel et en venin. »

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Caractère

« Trop tard. C'est trop tard. Nuage de l'Ourse... tu ne la verras plus. Je suis désolé. »

Ces mots résonnaient en boucle dans sa boîte crânienne et en percutaient violemment les parois. C'était possible? Vraiment? Non. Ma-man? Elle voulait la voir, son esprit s'embrouillait comme à chaque fois qu'elle aimait profondément quelqu'un. Elle devait voir le félin en question pour s'endormir paisiblement, c'était ça son triste sort. La solitude était une question qui ne se posait même pas. Plutôt faire plaisir et souffrir, les autres passant avant tout. Avec son attitude tête en l'air, sa dépendance et son attachement facile, c'était dur pour elle, chaque jour s'avérait une terrible bataille contre le malheur, seulement, aujourd'hui, le fléau était plus horrible encore. « Laisse-moi passer... Je veux la voir! » et comme à son habitude quand elle ne se sentait pas bien, elle appelait sa mère. Sa mère. Pourquoi elle ne répondait pas? Du plus profond de sa gorge sorti une plainte. « El-elle... elle est morte n'est-ce pas? ». Comme un mauvais présage, la tête du mâle acquiesça. D'habitude de nature joyeuse, Ourse ne savait que faire, plus un sourire, plus un seul ne voulait se présenter aux grands regrets de la petite. Assaut contre la mort perdu d'avance. Les maladies ne se faisaient pas rare en mauvaise saison, et les réserves manquaient. Cette fois elle ne pouvait rien faire pour regagner la joie, rien du tout. Ça la déstabilisa plus que jamais. Elle ne savait plus où elle en était et c'était bien la première fois dans sa vie.

Apparence

Elle relève le menton, dévoilant son faciès aux traits forts et ronds à son père. Dans ses yeux brillent la lueur enivrante de l'espoir dans les nuances chaudes du crépuscule. Ses mâchoires se serrent douloureusement sous les paroles du paternel. Ses griffes se dévoilent aux côtés de ses coussinets cornés. Ses moustaches blanches se dressent sous le mouvement de ses babines et de la faille sort un miaulement haineux. « Je te déteste. » a-t-elle répondu avant de se retourner brusquement. Ses antérieures et ses postérieures fortes se coordonnent et l'éjectent comme une guépard poursuivant une gazelle qui lui servira de déjeuné. Son regard fou s'embrase dans l'éclat du couchant tandis que, au bord des larmes, Nuage de l'Ourse s'enfuit. Elle s'enfuit des désolations et des reproches. Elle s'enfuit loin du mâle. Elle s'enfuit pour être seule. Elle s'enfuit pour pleurer. Elle s'enfuit par respect. Montrer ses larmes ne sert à rien selon elle, tout ce qui compte c'est à quel point on peut se montrer fort et résister. Résister à la mort. Lui faire face et s'imposer. Cette image lui remonte en mémoire: celle de sa mère. Sa maman à la carrure anguleuse, sa génitrice à la voix rocailleuse, souriant même dans les pires moments, ce masque cachant sa douleur. Cette esquisse de sourire gravée sur le visage, jamais Nuage de l'Ourse ne l'avait vu autrement. Pourtant il devait bien y avoir des fois où elle était triste? En colère? Non, son expression heureuse restait là, comme collée pour toujours, éternellement sur sa fourrure faite d'encre de chine et de coton immaculé. Combien de fois on leur avait dit aux deux qu'elles était pareilles? Faites du jour et de la nuit? Faites du yin et du yang? Leur seules différences n'étaient que les yeux. Ourse avait obtenu les belles prunelles de son pères, les sublimes pierres de feu qui rayonnaient. Ces mêmes pierres précieuses couvertes par ces paupières de différentes couleurs pendant qu'elle... elle la fille de sa mère, la fille de son père se cachait dans un buisson pour laisser éclater son désespoir aux ombres et aux étoiles.

Histoire

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